Aux lumières douces

Aux lumières douces

D’un décors riche, je commence à décortiquer toutes les composantes de cette pièce. Partagées circulairement, les Sniwa garnis d’entrées, attendent la sonnette de la porte, qui ne tarde pas à nous annoncer la venue des invités de la soirée. Entre temps, violon, piano et Derbouka lancent les premières notes pour une entrée musicale au goût familier de la soirée.

À l’étage en dessous, dans la Skifa, sur les Dkaken, mes grands semblables, guettent la première réaction des conviés, chose que je veux chaque soir observer. Les premiers regards étonnés, l’émerveillement de l’entrée, le premier odorat ressentie, la première découverte d’une maison qui ne laisse personne indifférent.

Mais avant de plonger dans la fantaisie d’antan, dans la nostalgie et l’histoire qui a composé cette maison et la Casbah de toutes pièces, ils passent par les escaliers illuminés de bougies, jusqu’à arriver à West Eddar. Accueillis, et invités à prendre place, je perçois leurs visages inconnus. J’aperçois de là, de différentes personnes liées par une envie forte, qu’est de s’imprégner de l’Âme de la Casbah. 

La soirée vient juste de commencer, mais bien avant que la magie s’enchaine. Cette jeune dame m’a alimenté de bougies, elle les a allumé quelques minutes avant l’éclosion de tout art. Chose qu’elle a faite avec mes semblables juste à côté, et ensuite, nous nous sommes retrouvés accrochés au niveau de la Zana. Et comme ça, nous avons, nous tous (ceux d’en face un peu moins) une vue d’ensemble sur l’orchestre, qui ravive des chansons algéroises, et sur ces invités, leurs visages joyeux, curieux, concentrés sur chaque détail. Nous regardons attentivement, ces personnes qui découvrent ou redécouvrent une sensation allégresse, chaque fois que nous sommes ici. 

L’odeur d’El Âamber se sent toujours de là, et le Haouzi résonne dans le patio, il égaie toute l’atmosphère de la soirée. Une chanson lancée d’El Maksoura par le chanteur, accroche particulièrement l’attention d’un homme, qui avec un plaisir dévoué se met à danser. Et de là, j’entends des claquements de mains comme pour l’encourager à poursuivre ce spectacle humain. Ce qui pousse un groupe d’amis à le rejoindre pour enflammer l’espace, qu’ils transforment en piste, d’une ambiance fêtarde. Des youyous se lancent à la fin de sa danse, en guise de remerciement, mais aussi d’une signature qui ne peut être détournée en aucun cas.

Parmis les invités, il y avait un groupe de jeunes femmes et hommes, qui immortalisent l’image de l’endroit, étalent leurs meilleures anecdotes et apprécient le goût du plat principal, jusqu’à la dernière saveur de cannelle. D’autres, apprécient plutôt la douceur de la musique, voulant savoir plus sur l’architecture de la maison et son histoire. Il y a aussi des passionnés des vues d’Alger, qui attendent avec impatience l’occasion de monter s’émerveiller de ce que la blanche offre sous les étoiles.

Vers la fin de la soirée, ces groupes d’amis, de familles, et de collègues commencent à se disperser pour clôturer cette rêverie. Quant à moi, ma bougie est fondue, mais toujours allumée. Je regarde le bonheur immaculé des invités, puis, la promesse qui brille en eux, d’un retour certain contre tout aléa. Je me content alors, d’accompagner les dernières images de leur soirée.