Porté par ce jeune musicien, devant la porte, lui et ses compagnons de toutes les soirées. Nous rentrons dans une demeure, qui deviendra la nôtre pour quelques heures. Au premier étage, il prend place au fond du patio, et me met sur une table. Il met en position son support et son cahier de musique. Sur nos deux côtés, le pianiste et le percussionniste se mettent à leur tour sur place, et chacun d’eux, prépare son terrain de jeu, une heure avant le début du spectacle.
Le moment venu, il me prend par la manche, vers El-Skifa, où la composition artistique a lieu. Assis sur une chaise, le dos au Monkass, il me met sur son genou, et s’apprête à me donner voix. La porte d’entrée s’ouvre sur un groupe de collègues accueilli en musique appuyée par la voix d’une femme, qui leurs indique les consignes et les destinations de leur voyage. Car cette soirée risque de les prendre dans les quatre coins de l’Algérie.
Mon son diminue, pour laisser place à celui d’une autre voix pendant la première partie de la soirée.
Le voyage commence par le décor qui les entoure, des tableaux de portraits d’algériennes, accrochés au murs du hall d’entrée. Ces aquarelles prennent vie par la narration de leur créatrice. Une jeune artiste peintre, qui prend les couleurs comme ses meilleurs vers poétiques, pour raconter les villes algériennes à travers des endroits et des moments figés. Les personnages de ce vernissage sont d’une richesse culturelle diversifiée. Des femmes et des hommes aux traits et expressions faciales divergents, mais aussi, leurs habits traditionnels, emmènent ces invités vers la source de ces tenus.
Toujours accompagné par mes notes et l’enchaînement de mes morceaux de musique, ces invités contemplent ensemble les détails de ces tableaux dans une atmosphère tamisée par la lumière des bougies. Ils continuent le voyage vers Ghardaïa, qui se trouve aujourd’hui, au deuxième étage d’une maison mauresque au coeur de la Casbah. Je prends place au fond de Wast Eddar, pour alléger l’ouïe des messieurs et les laisser absorbés par le visuel de la ville colorée.
Vers la fin du voyage, les collègues arrivent vers El-Mnizeh, au plus haut de la maison, pour clôturer cette tournée par la baie d’Alger et son interprétation artistique.
Le dîner servi, au centre du patio, autour d’une table ronde, les conviés se servent des délices de plats algériens. Toujours aux rythmes de la chanson algéroise, le temps que le thé soit servi, l’artisanat à la Casbah attire l’attention des messieurs pendant une intervention culturelle, lancée par notre initiateur, qui leurs permet de connaître l’histoire de cette pratique, mais aussi ses piliers fondamentaux, ses personnages et son évolution. Des questionnements et des débats se lancent entre eux, échangeant connaissances et expériences jusqu’à la fin de la soirée.
Sur mes notes douces, l’aventure culturelle pour ce groupe d’hommes dirigeants s’achèvent, en leurs laissant un arrière goût agréable, alimenté d’art et de culture, au pouvoir de ressourcer leurs prochaines semaines de travail et de responsabilité.
Quant à moi, le violon de la soirée, je retourne dans mon étuis, attendant la prochaine composition à jouer.